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SOUVENIRS

valière, je vous donne la ferme et certaine assurance que le sang d’Henri IV, mon aïeul, a été transmis à mon cœur dans toute sa pureté, et que tant qu’il m’en restera une seule goutte dans les veines, je saurai prouver que je suis né Gentilhomme français. »

Les Gentilshommes du côté gauche ne lui en tinrent compte, et les bourgeois lui firent répondre, par l’organe de M. Bailly, que dans l’état des choses, c’était digne d’être né citoyen français, qu’il aurait fallu dire. Voici qui suffira pour vous donner une idée de l’excellente judiciaire de ce Vertueux Bailly. Du reste, M. Mounier, qui était Dauphinois et qui, par cette raison-là, ne pouvait manquer d’avoir autant d’esprit et de vertu que M. Bailly (pour le moins), M. Mounier, vous dirai-je, a fait imprimer un ouvrage dans lequel il adresse à M. le Comte d’Artois précisément la même observation, le même conseil et les mêmes reproches[1].

Il n’était pas jusqu’aux simples choses d’étiquette et de cérémonial qui n’eussent l’inconvénient d’offusquer ces gens de roture. Ils prétendaient que M. de Barentin avait médité de les faire agenouiller devant le Roi pour opérer la présentation de leurs cahiers, ce qui, du reste, aurait été de justice, attendu que c’était de coutume. Ils se dépitèrent outrageusement de ce que l’Évêque de Nanci, M. de la Fare, avait dit au Roi dans son discours de pré-

  1. Jean-Joseph Mounier, député du tiers-états du Dauphiné à l’Assemblée constituante, créé Baron par Buonaparte, et mort Préfet du département d’Ille-et-Vilaine en 1806.
    (Note de l’Éditeur.)