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SOUVENIRS

Lameth, le sang qui vient de couler est-il donc si pur ?

On apprend que le Vicomte de Voisins a été traîné par les cheveux dans une assemblée populaire de Valence, où il a été massacré sous les yeux des officiers municipaux. — Il est décrété par l’assemblée que son président écrira le plus tôt possible à la municipalité de Valence, afin de lui témoigner l’estime et la satisfaction que mérite son patriotisme.

Lorsque le côté droit se levait en masse et criait énergiquement : — On pille, on brûle, on assassine ! mettez fin à tant d…horreurs, nous vous le demandons pour l’honneur de la France, au nom de la patrie et de l’humanité ! En Bretagne, au Maine et dans l’Anjou, en Périgord, en Limousin et dans presque tout le royaume, on dépouille les églises, on incendie les châteaux, on égorge les curés et les seigneurs, on emprisonne les prêtres et les nobles ! on a vue dans plusieurs endroits des officiers municipaux à la tête des brigands !… on répondait à ceux qui venaient dénoncer les brigands : — Ce sont des aristocrates qui simulent le patriotisme, afin d’égarer le peuple et de discréditer la cause de la liberté ! Messieurs, je vous recommanderai d’en agir avec une juste défiance, et je crois qu’il est bon d’user d’une douceur prudente envers les citoyens qui sont accusés de brûler les châteaux ou les couvens. (Robespierre.)

— Prenez garde, Messieurs, s’écriait l’Abbé Maury, prenez garde d’encourager le crime en ayant l’air de tolérer le pillage ! attaquer les propriétés est toujours d’un brigand ! — Attaquer les propriétés, lui répondait Garat le jeune, est quelquefois d’un législateur.