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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

concours, c’est à cette famille et à cette société que l’opinion publique en aurait décerné le prix.

À pareil scandale, il fallait une peine afflictive ; un enfant naquit c’était : la dégradation visible et l’opprobre manifeste ; c’était la punition du ciel incarnée ; et toutefois les parens et leurs amis s’enorgueillirent et se réjouirent autour de ce berceau.

Pendant son enfance, on essaya de cacher combien il était vicieux, malfaisant et lâche. Il mentait pour le plaisir de mentir : et savez-vous ce que faisait cet enfant qui nageait dans l’abondance ? Il dérobait ses valets ; il leur volait de petits bijoux, du linge, des pièces de monnaie, et jusqu’à des papiers, qu’on a trouvés cachés dans sa garde-robe.

Lorsqu’il eut atteint l’âge de discernement, il se mit à dire à ses précepteurs : — Allons donc ! ma mère en a fait bien d’autres ; et vous savez bien que je ne suis pas le fils de monseigneur…

Quand on vit qu’il allait épouser la plus pure et la plus noble fille de France, on disait chez lui : C’est très bien, ce sera la plus riche héritière du pays… Du côté de la jeune fille, on en frémissait d’épouvante ; mais le Roi le voulait !

Cette malheureuse épouse avait un frère. Il mourut jeune et sans enfans : c’était dans l’ordre.

Il se trouva que le défunt laissait une veuve à laquelle on devait payer un gros douaire, et cette belle-sœur fut assassinée#1.

Un écrivain ou pour mieux dire un observateur de ce temps-la, fit imprimer la phrase suivante :[1]

  1. Madame de Lamballe.