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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

land sont tellement soumises à sa passion contre les prêtres et les nobles, qu’elle accuse le Marquis de Grace de se trouver annulé par trop de fierté dans les manières, et qu’elle reproche à l’Abbé Delille de n’avoir pas su lire les vers : et voilà deux sortes d’accusations dont je puis témoigner la fausseté.

Voici donc M. et Mme Roland ministres de la République : je ne les suivrai pas dans les « impressions harmoniques et régulières données par eux à tous les corps administratifs ; dans l’inspiration de cet ordre qui naît de l’équité parfaite, et de cette confiance qu’entretiennent sans effort une administration active, une correspondance affectueuse et la communication des lumières ; enfin, dans l’approvisionnement de la grande famille et le rétablissement de la paix des départemens. »

Au milieu de cette période fortunée dans un nouvel âge d’or, ouvrage de M. Roland, il s’avisa de trouver mauvais qu’on eût pillé le trésor et le garde-meuble de la couronne ; il aurait également désiré que les prisonniers de Paris et d’Orléans eussent été frappés du glaive des lois, au lieu d’être égorgés par les septembriseurs ; mais le citoyen Danton, ministre de la guerre, lequel avait organisé les pillages et les massacres, ne voulait pas être contrôlé par ses collègues, et surtout par un couple ministériel dont la modération la plus abjecte était le principe. Tant de vertu lui parut insupportable, et le ménage Roland fut dénoncé par Marat, comme ayant voulu corrompre l’esprit public, en fomentant le girondisme hideux et l’exécrable modérantisme !