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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

mes plaies ; fixez mes irrésolutions ; soulagez mon cœur en brisant ses chaînes ; je les déteste et je n’ai pas le courage d’y toucher. Laissez-vous fléchir à mes vœux et ne regardez pas mes œuvres. Écoutez mes désirs et fermez les yeux sur mes faiblesses. Terminez le combat que je sens en moi. Rendez-vous le maître de mon âme. Devenez le plus fort dans mon cœur. Ce n’est plus moi qui vous résiste, ô mon Dieu ! c’est la faiblesse, c’est l’ascendant de la corruption, c’est le long usage du mal. Prenez-moi donc pour votre partage, arrachez-moi au monde et aux créatures pour lesquelles vous ne m’aviez point fait, et détruisez en moi cette créature du péché qui est devenue plus forte que moi-même. Donnez-moi le courage de correspondre à cette grâce divine que je porte au milieu des écueils, dans un vase bien fragile ! Seigneur, ayez pitié de moi ; c’est le seul cri, la seule prière qui puisse exprimer tout à la fois les vœux que je forme et les besoins que je ressens. »


Il est vrai que Cazote avait fait une prophétie formidable à Mme  de Gramont, en présence de Mesdames de Simiane et de Tessé ; mais, dans le souvenir qui m’en reste, elle n’était pourtant pas aussi précise qu’on pourrait le supposer d’après la version que M. Laharpe en a fait circuler après sa sortie de prison. Pour y donner plus d’importance et d’autorité, il allait disant partout qu’il tenait cette prophétie d’une amie de Mme  de Gramont, Mme  de Clermont-Tonnerre (Stanislas), laquelle avait pris la peine de lui faire apprendre son catéchisme pendant