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PIÈCES JUSTIFICATIVES.

Supplément à la justification de l’infortuné Créquy Montmorency

Le scélérat Wanek, qui a tout à la fois l’honneur, mais qui en est indigne, d’être commandant de la force armée de la section de la Cité ; président du conseil de discipline militaire ; président de l’assemblée primaire ; membre des électeurs ; membre des comités révolutionnaire et civil ; qui brigue et qui possède toutes les charges et dignités de la section de la Cité, pour y pouvoir exercer plus librement le plus exécrable despotisme, et qui, étant à la tête de trente à quarante aristocrates et intrigans comme lui, sous le voile du patriotisme, du civisme et de la loi qu’il déchirent, qu’ils violent et qu’ils foulent impunément sous les pieds tous les jours et à toute heure, font frémir, trembler et ramper sous leurs ordres tous les bons et timides citoyen de la Cité, en disant aux uns : Ah ! ah ! vous osez lutter contre nous ; hé bien vous serez taxés à une somme très forte à la première collecte ou contingent à fournir, et si vous ne payez pas, vous serez tambourinés et proclamés dans toute la Cité comme de mauvais et indignes citoyens.

Ils disent à d’autres : Vous n’aurez ni certificats de résidence, ni certificats de civisme, ni carte de citoyen, ni passeports ; à d’autres ils disent : Quand le peuple émeuté ira vous piller, vous réclamerez en vain le secours de la force armée ; enfin ils disent aux autres : Nous trouverons bien les moyens de nous débarrasser de vous et de vous envoyer repentir et gémir long-temps à l’Abbaye ou à Sainte-Pélagie, etc.

Voilà leurs crimes et encore bien d’autres dont les détails seroient trop longs, et que je me réserve de dire en temps et lieux. Les seuls moyens de remédier à ces cruels abus qui provoquent sans cesse les bons citoyens à une contre-révolution, ou qui corrompent une partie d’eux, et qui font trembler et gémir en secret les plus timides, ce seroit de ne laisser aux sections que le pouvoir de faire le bien ; de leur ôter tout pouvoir de faire le mal, et que personne ne puisse être arrêté ni chagriné ou inquiété que par les ordres des tribunaux de la mairie ou autres corps constitués, après avoir été préalablement accusés ou dénoncés par de-