Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/62

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pas long, et il sera peut-être plus malheureux que celui Henri III.

« Le passage du Rhin, la saison qui avance, tout se réunit pour me persuader qu’au moins pour cette année le corps du Prince de Condé n’agira point. D’ailleurs M. de Thugut a dit depuis peu, sans y être provoqué, que je ne jouerais pas auprès de ce corps un rôle convenable ; et je pense en effet que j’y serais, pour le moins, aussi déplacé qu’à Véronne…

« Que me reste-t-il donc ? la Vendée. Qui peut m’y conduire ? le Roi d’Angleterre ; insistez de nouveau sur cet article. Dites aux ministres, en mon nom, que tout autre parti, quel qu’il soit, est dangereux pour ma gloire, dangereux pour le bonheur présent et futur de mon royaume, dangereux pour la tranquillité de l’Europe, incompatible avec l’état présent de la France.

« Faites sentir tout ceci au cabinet de Saint-James ; ajoutez une réflexion moins importante puisqu’elle ne regarde que moi : dites que j’éprouverais une bien douce satisfaction de devoir mon trône, ma gloire, le salut de mon royaume, à un souverain aussi vertueux que le Roi d’Angleterre, à des ministres aussi éclairés que les siens.


« LOUIS. »