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— Moi ? demanda le visiteur qui buvait son thé de l’autre côté de la cheminée. Vous savez bien que je ne vais pas dans le monde.

— Ces jeunes filles ne vont nulle part non plus. Elles sont encore en deuil. Vous devriez faire leur connaissance. Qui sait ? vous pourriez peut-être en épouser une.

— Je n’épouserai jamais une fortune.

— Ne dites donc pas de bêtises, George ! s’écria Mme Trimm avec un petit rire.

— J’espère n’en jamais dire, répondit George d’un ton convaincu.

— Oh ! ce sont les gens intelligents qui en disent le plus, riposta sa cousine. D’ailleurs, je ne pensais pas sérieusement à vous marier.

— Je l’avais deviné rien qu’à vous entendre, observa tranquillement le jeune homme.

Mme Trimm le regarda un moment, puis se remit à rire.

« Voulez-vous insinuer que je ne pense jamais sérieusement à ce que je dis ?

— Allons, parlez-moi de ces jeunes filles, dit George en évitant de répondre. Riches comme elles sont, il faut pour ne s’être pas mariées, qu’elles soient vieilles et hideuses…

— Ni l’un ni l’autre…

— Des enfants, alors…

— Oui, elles sont plus jeunes que vous.

— Pauvres petites ! Je comprends,… vous voulez que je les fasse jouer. Quels sont les appointements ? Je suis prêt à accepter une position honorable, quelle qu’elle soit. Ma vieille nourrice serait peut-être préférable ? Il est vrai qu’elle est borgne et boite un peu, mais elle serait moins exigeante sur la question d’argent, et offrirait un rabais en raison de ses infirmités.