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« Aussi je n’ai pas, à ma dernière heure, un seul moment de repos ! Si je n’étais si vieille, j’aurais refait tout le partage, mais cela m’est maintenant impossible, et je suis désolée. Vous avez été tous trois de bons fils, et cela me peine terriblement de devoir être injuste envers un de vous trois !

« Et quand la vieille géante eut ainsi parlé, ses fils se turent, très peines, et il fut facile de voir que celui qui aurait la troisième part serait fort mécontent. Aussi la vieille mère, tout près de l’agonie, continuait à se désoler en songeant qu’un de ses fils serait malheureux.

« Mais le plus jeune des trois était celui qui aimait le plus sa mère, et il ne put supporter de la voir se tourmenter ainsi. Il s’écria :

« Ne te fais pas de peine pour cela, mère, et quitte cette vie en paix et tranquillité. Je prendrai cette mauvaise part, je m’arrangerai, et je ne me chagrinerai pas de ce que les autres soient plus riches que moi. »

Et la mère alors se calma, remercia son plus cher fils du fond du cœur et mourut tranquille. Les jeunes gens entrèrent en possession de leurs biens, et le plus jeune eut une heureuse surprise en voyant que son pays si misérable était d’une merveilleuse beauté. Mais son dévouement reçut encore une plus haute récompense, car, dans sa mauvaise part, un trésor était caché :