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intelligence qui domine les choses, les organise et les dirige en vue de quelque but ? Voltaire croyait encore la conclusion inévitable. L’organisation du monde et particulièrement celle des vivants prouve selon lui l’existence d’un horloger du monde comme celle d’une montre démontre celle d’un ouvrier habile qui l’a fabriquée. Et si les d’Holbach, les Naigeon et les Grimm lui reprochent d’avoir gardé sur ce point une âme d’enfant, ils expliquent fort mal ce que Voltaire déclare inexplicable, en dehors de sa supposition.

Or, voici que la doctrine de Darwin fournit l’espoir d’une théorie intelligible quoique purement mécaniste des problèmes que pose l’apparente finalité biologique. Et en effet, si, depuis des siècles et des siècles, la sélection assure dans chaque milieu l’élimination des individus mal adaptés et de leur descendance et protège exclusivement la conservation et la multiplication des plus aptes, qu’a-t-il dû arriver ? Que, dans chaque milieu, ait disparu ce qui ne pouvait pas vivre ou se reproduire. Que, dans chaque milieu, ait été conservé et ait prospéré cela seul qui pouvait vivre et se reproduire. Que, même dans chaque milieu, se soient conservés et multipliés surtout les individus les mieux adaptés pour leur propre conservation et celle de leur des-