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et abusé. Il n’affirme pas que toutes les espèces végétales et animales sont parentes de sorte que l’arbre de la Vie est un arbre unique à cent branches. Il n’affirme pas comme le fera Haeckel que tout ce qui vit est issu d’une forme vivante primitive unique, la « monère ». Il est préoccupé de diverses choses plus importantes à ses yeux.

L’une consiste à prévoir les objections qu’on pourra faire à sa théorie et à voir si l’expérience permet d’y répondre. Sa doctrine force à considérer les espèces comme des races plus éloignées que les races ordinaires. Est-ce possible étant donné la différence des métis féconds et des hybrides inféconds ? Peut-on concilier la loi de l’hérédité avec l’existence, dans les sociétés d’abeilles et de fourmis par exemple, d’insectes neutres issus cependant de mâles et de femelles féconds ? Difficultés sérieuses que Darwin aborde avec un souci de scrupuleuse honnêteté.

L’autre consiste à tirer les conséquences non pas métaphysiques mais scientifiques des principes qu’il croit établis.

L’évolutionnisme implique que l’homme n’est pas « un empire dans un empire », mais un animal que les particularités de sa structure et la vie en société ont rendu capable d’opérations intel-