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mille petits hasards ; enfin un âge mûr, une vieillesse où la biographie ne fait plus qu’un avec la bibliographie, où la vie ne fait plus qu’un avec l’œuvre en train de se faire, la mort avec l’œuvre complète, où les événements sont absorbés dans les valeurs comme tout à l’heure les valeurs étaient pressenties dans les événements. À tout égard, la vie de Darwin est exemplaire.

La famille Darwin était une famille aisée de yeomen. Le grand-père de Charles Darwin, Érasme, avait le goût des exercices violents, l’amour du travail et la vivacité de l’imagination, le don de la théorie. Des théories pures, il en fit beaucoup, dont l’une annonçait l’évolution. Le père était médecin : il avait l’art et l’intuition du diagnostic, et beaucoup de divination psychologique qu’il exerçait sur ses clientes, pour les soigner, et sur tous les gens, pour savoir s’ils étaient dignes de confiance. Mais il était peu tourné vers les sciences : pour Charles, qui s’entendit de mieux en mieux avec lui, il fut surtout un exemple moral. Il eut six enfants : Charles Darwin naquit en 1809. Sa mère était une Wedgewood, fille du fameux potier. Elle mourut en 1817, quand Charles avait 8 ans.