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les différentes races de chiens, dont chacune est utile à l’homme à des points de vue divers ; si l’on compare le coq de combat, si enclin à la bataille, avec d’autres races si pacifiques, avec les pondeuses perpétuelles qui ne demandent jamais à couver, et avec le coq Bantam si petit et si élégant ; si l’on considère, enfin, cette légion de plantes agricoles et culinaires, les arbres qui encombrent nos vergers, les fleurs qui ornent nos jardins, les unes si utiles à l’homme en différentes saisons et pour tant d’usages divers, ou seulement si agréables à ses yeux, il faut chercher, je crois, quelque chose de plus qu’un simple effet de variabilité. Nous ne pouvons supposer, en effet, que toutes ces races ont été soudainement produites avec toute la perfection et toute l’utilité qu’elles ont aujourd’hui ; nous savons même, dans bien des cas, qu’il n’en a pas été ainsi. Le pouvoir de sélection, d’accumulation, que possède l’homme, est la clef de ce problème ; la nature fournit les variations successives, l’homme les accumule dans certaines directions qui lui sont utiles. Dans ce sens, on peut dire que l’homme crée à son profit des races utiles.

La grande valeur de ce principe de sélection n’est pas hypothétique. Il est certain que plusieurs de nos éleveurs les plus éminents ont, pendant le cours d’une seule vie d’homme, considérablement modifié leurs bestiaux et leur moutons. Pour bien comprendre les résultats qu’ils ont obtenus, il est indispensable de lire quelques-uns des nombreux ouvrages qu’ils ont consacrés à ce sujet et de voir les animaux eux-mêmes. Les éleveurs considèrent ordinairement l’organisme d’un animal comme un élément plastique, qu’ils peuvent modifier presque à leur gré. Si je n’étais