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DARWIN

borné par l’espace, je pourrais citer, à ce sujet, de nombreux exemples empruntés à des autorités hautement compétentes. Youatt, qui, plus que tout autre peut-être, connaissait les travaux des agriculteurs et qui était lui-même un excellent juge en fait d’animaux, admet que le principe de la sélection « permet à l’agriculteur, non seulement de modifier le caractère de son troupeau, mais de le transformer entièrement. C’est la baguette magique au moyen de laquelle il peut appeler à la vie les formes et les modèles qui lui plaisent ». Lord Somerville dit, à propos de ce que les éleveurs ont fait pour le mouton : « Il semblerait qu’ils aient tracé l’esquisse d’une forme parfaite en soi, puis qu’ils lui ont donné l’existence. » En Saxe, on comprend si bien l’importance du principe de la sélection, relativement au mouton mérinos, qu’on en a fait une profession ; on place le mouton sur une table et un connaisseur l’étudie comme il ferait d’un tableau ; on répète cet examen trois fois par an, et chaque fois on marque et l’on classe les moutons de façon à choisir les plus parfaits pour la reproduction.

Le prix énorme attribué aux animaux dont la généalogie est irréprochable prouve les résultats que les éleveurs anglais ont déjà atteints ; leurs produits sont expédiés dans toutes les parties du monde. Il ne faut pas croire que toutes ces améliorations fussent dues au croisement de différentes races ; les meilleurs éleveurs condamnent absolument cette pratique, qu’ils n’emploient quelquefois que pour des sous-races étroitement alliées. Quand un croisement de ce genre a été fait, une sélection rigoureuse devient encore beaucoup plus indispensable que dans les