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DARWIN

ou comme trois est à deux ou même dans une proportion un peu moindre, la question serait bien simple : car les mâles attrayants ou les mieux armés laisseraient le plus grand nombre de descendants. Mais après avoir étudié autant que possible les proportions numériques des sexes, je ne crois pas qu’on puisse ordinairement constater une grande disproportion numérique. Dans la plupart des cas la sélection sexuelle paraît avoir agi de la manière suivante.

Supposons une espèce quelconque, un oiseau par exemple, et partageons en deux groupes égaux les femelles qui habitent un district ; l’un comprend les femelles les plus vigoureuses et les mieux nourries ; l’autre, celles qui le sont moins. Les premières, cela n’est pas douteux, seront prêtes à reproduire au printemps avant les autres, … réussiront aussi à élever en moyenne le plus grand nombre de descendants. Les mâles, ainsi que nous l’avons vu, sont généralement prêts à reproduire avant les femelles ; les mâles les plus forts, et chez quelques espèces les mieux armés, chassent leurs rivaux plus faibles et s’accouplent avec les femelles les plus vigoureuses et les plus saines, car celles-ci sont les premières prêtes à reproduire. Les couples ainsi constitués doivent certainement élever plus de jeunes que les femelles en retard, qui, en supposant l’égalité numérique des sexes, sont forcées de s’unir aux mâles vaincus et moins vigoureux ; or il y a là tout ce qu’il faut pour augmenter dans le cours des générations successives la taille, la force et le courage des mâles ou pour perfectionner leurs armes.

Il est cependant une foule de cas où les mâles qui remportent la victoire sur d’autres mâles n’arrivent