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Page:Crevel - Babylone (extraits), 1975.djvu/8

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RÉPONSE À L’ENQUÊTE SUR L’ANTI-POÉSIE


Raison, art, fantaisie, trois mots qui aident à la confusion et favorisent, dans ce qu’il y a de plus lâchement quotidien, l’espoir, cette méfiance de l’être à l’égard des prévisions de son esprit, selon la phrase de Paul Valéry.

Raison. Entre les murs qu’il a construits pour s’abriter, l’individu voudrait bien enchaîner les vents de l’esprit.

Art. Les plis d’une pseudo-antiquité trop longtemps ont caché le soleil de soufre et d’amour qui ne peut manquer de finir par éclater, là-bas, très loin, plus loin que l’horizon et l’habitude. J’appelle poésie cette explosion, et poésie encore, ce bouquet des plus lourdes pierres en plein ciel que des geysers inattendus ont, en jaillissant, arraché du sol.

Fantaisie. Les arabesques sont des trompe-temps, des trompe-l’œil, des trompe-cœur, des trompe-tout. Pascal était bien indulgent qui, après les mensonges précieux, l’escroquerie au classicisme, se contentait de comparer aux brodeurs les soi-disant poètes de son temps.

Il n’est pas inoffensif le jeu des gens de rime, qui, du sein même de leur frivolité sournoise, se réclament des principes supérieurs, et ne soulèvent des questions de forme que pour ne point poser les problèmes essen-