respectifs. Il y a plus d'imagination dans l'une et plus de réflexion dans l'autre. Or, dans une littérature telle que la littérature grecque, où l'on voit les divers genres naître chacun à leur tour d’une manière spontanée, sans que rien vienne troubler gravement l’ordre naturel de leur succession, c’est presque une nécessité morale d’admettre que l’œuvre d’imagination a précédé l’œuvre de réflexion.
Quels sont les antécédents de la poésie didactique
en Grèce ? A défaut de témoignages, il n’y a que la
poésie hésiodique elle-même qui puisse nous renseigner à ce sujet. Tout occupée du présent, elle laisse
apercevoir un passé, qu’on pourrait appeler l’enfance de la réflexion pratique. Chacun des éléments
essentiels dont elle se compose est le produit d’un
long travail intellectuel dû à des générations plus
ou moins nombreuses. Essayons, en distinguant ces
éléments, de nous représenter ce qu’ils pouvaient
être avant Hésiode.
Les généalogies sont le fond de la Théogonie comme des Catalogues et de tous les autres poèmes de ce genre. Evidemment, il n’est pas possible de supposer qu’un poète, en dehors de tout usage traditionnel, se soit avisé un jour de mettre en vers ces longues filiations et qu’il ait ainsi constitué un genre nouveau. Le succès de cette forme de poésie en Grèce ne s’explique que par un besoin social fort ancien, et ce besoin a dû susciter, avant les grandes œuvres que nous connaissons, bien des essais qui ont disparu. C’est aux hymnes religieux qu’il est naturel