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LA LANGUE GRECQUE

rapidité élégante et concise. Toutes les qualités propres à la langue grecque, telles que nous les avons énumérées précédemment, brillent donc dans le dialecte attique comme dans leur foyer naturel[1]. Nous étudierons dans la suite avec plus de détails les caractères de la langue d’Athènes au moment du grand éclat de la littérature athénienne. Bornons-nous ici à lui faire sa place à côté des autres dialectes dont il vient d’être question.

Il est à remarquer que presque jamais, dans la littérature, aucun de ces dialectes n’a été employé d’une manière tout à fait exclusive. Grâce à l’autorité immense d’Homère, le vieil ionien de l’ancienne poésie épique, qui était déjà lui-même un langage mêlé, a exercé son influence sur toutes les formes de la poésie, et quel que fût le dialecte prédominant dans tel ou tel genre, les poètes se sont toujours réservé le droit d’y mêler des éléments empruntés à ce fonds commun. De même le grand éclat de la poésie lyrique dorienne a été cause que le dorien est devenu la langue naturelle du lyrisme choral, et que les poètes dramatiques d’Athènes ont gardé l’habitude de mélanger les formes doriennes aux formes attiques et aux formes homériques dans les parties chantées de leurs pièces. Ce mélange des dialectes, habilement ménagé, est devenu ainsi un moyen nouveau de variété, dont les langues modernes, ce semble, n’offrent guère d’exemple.

On appelle langage commun (κοινή) celui dont se servent les prosateurs grecs, sans distinction d’origine, à partir du temps d’Alexandre. C’est en

  1. Les anciens remarquaient déjà fort bien ce caractère du dialecte attique, qui a emprunté à tous les autres quelques-unes de leurs qualités propres. [Xénoph.], Rép. ath., II, 8.