Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

98 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÉGIAQUE

ces coupures régulières n'exislent pas K La pensée, dans une même élégie, groupe tantôt trois, tantôt quatre, tan- tôt cinq distiques, et il n'y a pas de règle rigoureuse à établir. Ce qui est vrai, c'est que ces groupes d'idées, s'ils ne forment pas des strophes exactement symé- triques, forment du moins des divisions naturelles et comme des paragraphes bien équilibrés. L'instinct de la composition les a rendus non toujours, mais souvent égaux. L'emploi du distique, qui groupe les vers deux par deux, y a contribué en multipliant les coupures après un vers de chiffre pair. Il n*y a rien là qui ressemble à une loi positive de structure musicale; mais c'est une ha- bitude de la pensée, un pli devenu familier, et qui donne à la composition do l'élégie une physionomie assez mar- quée.

L'élégie, pendant deux siècles, a été traitée par des poètes de races différentes. Ioniens d'Asie-Mineure, Do- riens, Athéniens. La diversité des races se montre jus- qu'à un certain point dans les œuvres; on ne saurait pour- tant fonder sur ce principe des divisions trop tranchées : Tyrtée, qui chante à Sparte, et l'Ephésien Callinos, se ressemblent beaucoup. Les différences chronologiques ne sont pas plus décisives : Mimnerme, que les anciens ont quelquefois appelé par un bizarre anachronisme un épi- curie?ij est presque contemporain du belliqueux Callinos. Ce sont les circonstances, c'est le génie personnel du poète qui déterminent son inspiration, et celle-ci est très variée. Etudier ces poètes, c'est se donner le spectacle de cinq ou six sortes d'âmes très différentes, placées dans des conditions variables, et qui en ont subi le contre-coup. Nous les prendrons à tour de rôle, dans l'ordre des temps, sans chercher à établir d'autre classification. Nous no possédons plus guère que des débris de leurs œuvres.

1. On n'arrive à les rendre régulières qu'en supposant çà et là des additions postérieures, hypothèse toujours fragile.

�� �