Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/115

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côté. Il n’est pas difficile de reconnaître dans co récit uno de ces bouffonneries ironiques par où la comédie athénienne aimait à expliquer les grands événements de l'histoire ; les raisons de la guerre du Péloponnèse, chez Aristophane, sont du même ordre. C’est la sottise des compilateurs do basse époque qui a parfois donné h ces inventions plaisantes un sérieux auquel elles ne visaient pas. Le maître d’école boiteux de la guerre de Messénîo va de pair avec l’Aspasie des Acharniem qui provoque la guerre entre Athènes et Sparte.

On s’est demandé quelle part de vérité cachait cette légende. Quelques savanls ont vu dans tous les traits do ce récit des symboles : si Tyrtée est donné pour un Athé- nien, c’est que Télégie est d’origine ionienne, comme Athè- nes; si Tyrtée passe pour boiteux, c’est que l’élégie elle- même, avec ses deux vers inégaux, est boiteuse par métaphore. Dans ce système, par conséquent, Tyrtée devient un Spartiate de race revendicjué à tort par les Athéniens comme un compatriote. Toute cette symbolique ingénieuse est parfaitement vaine. Les Spartiates, dans cette période de leur histoire, ont sans cesse reçu du dehors des poètes devenus bientôt par adoption de vrais Spartiates: Terpandre et Thalétas sont dans ce cas. Il est probable qu’il en fut de mémo de Tyrtée. Il était Athénien, du dème d’Aphidna), suivant la tradition la plus répandue*. Vint-il à Sparte, comme on ledit aussi de Terpandre et de Thalétas, sur le conseil d’un oracle, pour rendre à la cité la paix intérieure troublée par des discordes ? Quelques-uns de ses vers pourraient le faire supposer. Une fois à Sparte, il y reçut le droit de cité ^, et se con-

1. Philochorcet Callisthèno, dans Strabon, VIII, 362. — Christ suppose qu’il pouvait ôlro d’une .Vplndna lacédémoiiienne meiilionnée pur Klicnnc do Byzanco ("Açiova), el (pu; la n^ssemblance des noms a fait naître la légende do son origine attique.

i. Platon, Lois, I, 629 A.