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118 CHAPITRE III. — POÉSIE ÉLÉGIAQUE

droit et délicat de la vie, aimée dans ses grâces, allègre- ment subie dans ses tristesses, victorieusement défiée dans ses pièges et ses épreuves; largeur et souplesse de la pensée, à la fois pratique et spéculative; justesse na- turelle, aisée, pondérée, hardie et prudente, qui pense bien et dit bien, sans effort comme sans mollesse. Athè- nes, disait un poète, est la Grèce de la Grèce *. Toutes les qualités des diverses races helléniques s*y rencontrent et s'y combinenl. Xénophon remarquait que le dialecte atti- que était un mélange du dorien et de Tionien - : le tempé- rament d'Athènes est comme son dialecte, un mélange de quahtés opposées, un alliage rare et précieux qui a plus d'éclat et de douceur, plus de souplesse et plus de résistance que chacun de ceux dont il est formé. Solon est un pur Atlique, un des plus nobles exemplaires de Tatticisme, mais en outre un Vieil-Altique, un Athénien de la première moitié du vi*' siècle, encore étranger aux grandes agitations intellectuelles et morales du siècle suivant, soumis d'esprit et de cœur aux antiques leçons de la sagesse religieuse, sachant ce qu'il pense et ce qu'il croit, toujours sûr de pouvoir se réfugier, au sortir des luttes de la vie pratique, dans la citadelle sereine des idées. La vie de Solon et sa poésie se tiennent par des liens étroits, (lelleci est sans cesse le reflet de celle-là, et toutes deux sont le produit de la même âme. Aussi, quoique la vie de Solon appartienne surtout à Thistoire politique, il n'est pas inutile d'en rappeler les principaux faits, et surtout le caractère général, pour mieux faire comprendre ses vers : l'homme d'état explique le poète.

��1. *EX).a6o; *EXXà; 'AOrjvat (dans rôpitaphe d'Euripide atlribuéo, à tort sans doute, à Thistorien Tliucydide). Bergk, Poet. lyr. gr., H, p. :)92 (3« éd.).

2. Xénophon, ou plutôt l'auteur inconnu do Topuscule intitulé :

  • AOr,vata)v rcoXiTsîa (II, 8).

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