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296 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL

si les deux noms ne désignent pas une seule jeune Cile. Mais d'autres vers (mutilés, il est vrai) semblent s'y op- poser \ Les comparaisons brillantes tirées do la lumière, du soleil, des astres, de la nuit^ de Tor et de l'argent, se pressent et s'accumulent pour célébrer leur beauté. D'au- très, plus familières, mais non moins expressives, sont tirées de la crinière des coursiers, de leur vitesse égale à celle des songes ailés; une autre encore peut-être (mais le sens est plus (jioutcux) les montre pareilles à deux colombes qui luttent de rapidité dans leur vol. L'abon- dance des images est extraordinaire. Ce qui no l'est pas moins^ c'est la vivacité du style, tout en phrases courtes, en interrogations, en tours vifs et familiers. Mais cela même ajoute à la difficulté du morceau. Dans cette agi- tation incessante, la suite des idées échappe. 11 semble évident que ce n'est pas le poète lui-même qui parle en son nom; c'est sans doute quelque jeune fille du chœur; car elle désigne familièrement Âgésichora comme sa cou- sine (« la chevelure d' Agésichora, ma cousine, brille comme un or pur »); mais est-ce toujours la même qui chante? N'y a-t-il pas comme un dialogue entre doux personnages? Autant de questions à peu près insolubles. Les trente derniers vers enfin sont extrêmement mu- tilés, et les restitutions qu'on en a tentées sont trop douteuses pour qu'on puisse en tirer grand profit. Mais le même éclat d'images, le même goût pour les énu- mérations prolongées s'y révèle encore, jusque dans l'extrême altération du texte. Les jeunes filles qui for- ment le chœur y sont toutes nommées avec quelque épi- thèle gracieuse, comme pour faire pendant aux énumé- rations mythologiques du début. De plus, les premiers vers de cet épilogue étinccllcnt des reflets de l'or et de la pourpre. C'est donc bien là un caractère essentiel du

1. V. 79-80.

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