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576 CHAPITRE X. — HÉRODOTE

Outro les « Récits assyriens », Hérodote a pu en compo- ser d'autres de la même manière*. Quoi qu'il en soif, ce ne sont là que des conjectures. Il était peut-ôtre néces- saire de les indiquer ; il serait à coup sûr inutile de s'y arrêter longtemps.

La seule chose tout à fait claire, la seule aussi, fort heureusement, qui soit d'une importance capitale, c'est que, si Hérodote a commencé par écrire des récits détachés, il ne s'en est pas tenu là. Ce qui lui donne, dans l'his- toire des lettres grecques, sa place et son rang, c'est la forme qu'il a uni par donner à son œuvre. Dans quel- que ordre qu'il ait écrit ses divers récits, à quelque mo- ment qu'il ait conçu le plan de son livre, il est certain qu'il y eut un jour où chaque partie de son Histoire fut destinée dans sa pensée à occuper la place qu'elle y oc- cupe actuellement ; son ouvrage n'est pas fait de pièces et de morceaux rapprochés au hasard ou par les soins d'un éditeur; c'est lui-même qui en a conçu et exécuté l'ensemble; il a fait ce qu'il voulait faire, avec une pleine conscience. Au point de vue scientiGque et littéraire, cela seul importe ; le reste n'intéresse que la curiosité*.

Arrivons donc, après ces préliminaires indispensables, à l'étude directe de son œuvre. Qu'est-elle, pour le fond et pour la forme, comme œuvre de science et comme œuvre d'art? Voilà le point essentiel.

1. II n'csl d'ailleurs pas nécessaire de croire que les «Récits assy- riens» (ou les autres Xoyot analogues) aient été véritablement publiés parllérolote lui-même : ils peuvent avoir été composés en vue de lectures publiques et n'avoir paru sous forme d'ouvrages proprement dits qu'après sa mort. — M. Gomperz, dans une intéressante dis- sertation sur Tbéophraste [Ueber die Charaklere TheophrasCs, Mém. Acad. Vienne, t. CXVII, 4888, p. 40 du tirage à part), signale juste- ment l'usage fréquent dans l'antiquité de ces publications prépara- toires qui précédaient parfois un ouvrage d'ensemble.

2. La question de savoir si Héroiote a conduit son récit jusqu'au bout, ou si le travail do révision finale et de mise au point a pu être par lui entièrement achevé, n'est que d'importance secondaire.

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