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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


commandent d’éviter l’enflure, Proclos en particulier[1]. Celui-ci demande avant tout la clarté, la brièveté, avec un certain « archaïsme », c’est-à-dire un choix de mots classiques qui s’éloigne un peu de l’usage courant. Mais, en réalité, on aimait trop le bel esprit alors pour n’en pas mettre dans ces courtes compositions dont il semblait faire le principal mérite. Nous l’y trouvons à satiété.

Comme lettres réelles, nous devons citer celles des sophistes Denys d’Antioche, Énée et Procope de Gaza, qui appartiennent à la fin du ive siècle ou au commencement du ve.

Denys d’Antioche nous a laissé quatre-vingt-cinq lettres, toutes fort courtes[2]. L’auteur vise à la concision élégante. Sur chaque sujet, une ou deux phrases, ciselées avec coquetterie. La lettre ainsi conçue ressemble à une épigramme. Un tel recueil pouvait faire apprécier l’art de l’auteur dans le milieu contemporain, mais ces jolies phrases ne nous apprennent rien, ni sur les personnes, ni sur les choses.

Le recueil d’Énée de Gaza comprend en tout vingt-cinq lettres, un peu plus développées que celles de Denys[3]. Ce sont d’ailleurs des morceaux travaillés avec le même soin et tout aussi futiles. Parmi ses correspondants figurent les sophistes Sopatros, Zosime, Denys, Théodore, Épiphanios, des prêtres et des évêques, quantité de gens qu’on aimerait à connaître : aucun d’eux n’est vraiment caractérisé dans ces lettres.

Le plus étendu de ces recueils est celui de Procope

  1. Didot, p. 7 Ἡ γὰρ ὑπὲρ τὸ δέον ὑψήγορία ϰαὶ τὸ τῆς φράσεως ὑπερογϰον ϰαὶ τὸ ὑπεραττιϰίζειν ἀλλότριον τοῦ τῶν ἐπιστολῶν χαραϰτῆρος ϰαθέστήϰεν, ὡς πάντες οἱ παλαιοὶ μαρτυροῦσι (Hê gar huper to deon hupsêgoria kai to tês phraseôs huperogkon kai to huperattikizein allotrion tou tôn epistolôn charaktêros kathestêken, hôs pantes hoi palaioi marturousi). Et il rappelle le précepte de Philostrate δεῖ τὴν τῆς ἐπιστολῆς φράσιν… μήτε λίαν ὑψηλὴν εἴναι μήτε ταπεινὴν ἄγαν, ἀλλὰ μέσήν τινα. (dei tês epistolês phrasin… mête lian hupêlên einai mête tapeinên agan, alla mesên tina).
  2. Epistol. græci, Hercher, p. 259.
  3. Même recueil, p. 24.