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LITTÉRATURE ÉPISTOLAIRE

de Gaza, dont nous possédons cent soixante-trois lettres[1]. Ce serait de beaucoup le plus intéressant aussi par le nombre et la qualité des correspondants, si l’auteur parlait de leurs affaires et des siennes. Mais lui aussi s’enferme dans une phraséologie affectée, et ne se plaît guère qu’aux lieux communs. Il entortille ses pensées, de façon à se rendre obscur comme à plaisir, et, bien qu’il ait peut-être plus de vivacité et plus de chaleur de cœur que Denys et qu’Énée, jamais, pour ainsi dire, nous ne découvrons l’homme dans le rhéteur[2]. Si nous ne savions par Photius qu’il était chrétien, on pourrait lire ses lettres sans presque s’en douter.

Toutes ces correspondances sont donc en somme de peu de valeur. Une seule en ce temps est vraiment intéressante, celle de Synésios. Mais Synésios vaut la peine d’être étudié dans l’ensemble de son œuvre. Nous parlerons de ses lettres quand nous essaierons de lui faire sa place dans l’histoire du temps. Le genre des lettres fictives se rattache à une tradition sophistique dont nous avons parlé à plusieurs reprises. De cette tradition perpétuée[3] dérive le recueil des Lettres d’amour d’Aristénète[4], qui semble dater du vie siècle[5].

  1. Même recueil, p. 533. Photius, cod. 160.
  2. Il est remarquable, en particulier, que ses nombreuses lettres à ses frères, Philippe, Zacharie, Victor, ne nous permettent qu’à peine de reconstituer à grands traits l’histoire de sa famille. Zacharie et Philippe semblent avoir occupé de grandes charges à Constantinople.
  3. Suidas (Μελέσηρμος) cite un sophiste Mélésermos, d’époque inconnue, auteur de Lettres de courtisanes, de paysans, de cuisiniers, de généraux, etc.
  4. Sur Aristénète, voir Boissonade, préface de son édition ; F. Passow, art.  Aristænetos dans l’Encycl. d’Ersch et Gruber ; W. Schmid, art.  Aristænetos, no 8, dans l’encyclop. de Pauly-Wissowa.
  5. Éd. princeps de Sambucus, 1566, d’après le ms. unique (Vindobonensis, 310 ; voir Hercher, Hermes, V, 281). Nombreuses édi-