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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

Démétrios, du dème de Phalère, était fils de Phanostrate, ancien esclave de la famille de Conon, mais devenu citoyen, et riche sans doute ; car le jeune Démétrios reçut une éducation soignée. Il suivit l’enseignement de Théophraste et se tourna vers la politique. Il fit ses débuts, dit-on, dans la vie politique, vers le temps de l’affaire d’Harpale (324)[1]. Il avait sans doute alors de vingt-cinq à trente ans. Partisan de Phocion et ami de la Macédoine, il fut mêlé aux négociations qui suivirent la guerre Lamiaque (322)[2]. Après la mort d’Antipater, en 319, le triomphe momentané du parti national, qui mit à mort Phocion, força Démétrios à chercher son salut dans la fuite ; mais, dès l’année suivante, l’intervention de Cassandra remit Athènes sous la main de la Macédoine. Démétrios fut alors choisi par les Athéniens et agréé par Cassandre en qualité de régent. Cette régence dura dix ans[3]. Durant ces dix années, Démétrios, avec des formes libérales, fut le maître de la cité, qui lui éleva trois cent soixante statues[4]. En 307, il fut renversé par Démétrios Poliorcète, et se retira à Thèbes, où il vécut une dizaine d’années. En 397, il se rendit en Égypte, auprès de Ptolémée Soter. Il y prit une grande influence et fut, dit-on, l’initiateur des projets relatifs à la fondation de la célèbre bibliothèque. Exilé par Ptolémée Philadelphe dans un des dèmes de l’Égypte, il y mourut, de la piqûre d’un serpent[5], vers 280.

Ses écrits étaient plus nombreux, dit Diogène, que ceux d’aucun autre Péripatéticien[6]. Ils étaient très variés. On y trouvait des dialogues philosophiques, des

  1. Diog. L., V, 75.
  2. Cf. Démétrios, De l’Élocution, 289.
  3. Diod. de Sicile, XVIII, 74, 3 ; Strabon, IX, 398.
  4. Diog. L., V, 75.
  5. Diog. L., V, 77-78.
  6. Liste dans Diog. L., V, 80-81.