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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

à Tarente d’une famille de musiciens, se livra d’abord à l’étude pratique de la musique. Son père, Spintharos, était un musicien célèbre. Le jeune Aristoxène fut son élève, puis celui de plusieurs autres maîtres renommés. La philosophie ne tarda pas à l’attirer également. Il connut d’abord, semble-t-il, des Pythagoriciens. Mais il vint, ensuite à Athènes, au temps où Aristote y enseignait. Il s’attacha aussitôt à ce maître incomparable. On raconte que la réputation d’Aristoxène dans l’école fut assez grande pour qu’il pût espérer de devenir scolarque à son tour : mais ce fut Théophraste qui l’emporta, et Aristoxène, dit-on, s’en montra blessé. Quoi qu’il en soit de ces historiettes, ce fut un esprit vigoureux et original. Il avait laissé de nombreux écrits (453, selon Suidas), qui se rapportaient aux sujets les plus variés. Aristoxène fut un des premiers, après Aristote, à donner l’exemple d’un savoir encyclopédique et d’une curiosité insatiable en tous sens. Ses ouvrages philosophiques eux-mêmes avaient un caractère historique et érudit très marqué : c’étaient des traités sur les lois (Νόμοι παιδευτιϰοί, Νόμοι πολιτιϰοί) et un recueil de Sentences Pythagoriciennes[1]. Puis il avait composé, suivant une mode alors naissante, plusieurs volumes de Souvenirs ou de Mélanges, dont les plus célèbres étaient des Propos de table (Σύμμιϰτα συμποτιϰά). Il fut le premier, nous l’avons vu, ou l’un des premiers, à écrire l’histoire des philosophes et des écrivains. Ses Vies des hommes illustres (Βίοι ἀνδρῶν), consacrées à Pythagore, à Archytas, à Socrate, à Platon, au poète dithyrambique Télestès, à d’autres encore que nous ne savons plus, — puis ses écrits Sur les poètes tragiques et Sur les joueurs de flûte, ont été un modèle souvent imité, en même temps qu’une

  1. Sur Aristoxène philosophe, v. surtout Ueberweg, Grundriss der Philosophie der Griechen, 8e éd., publiée par Heinze, Berlin, 1894 (p. 252 et suiv.).