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THÉOCRITE

gine sicilienne que s’explique l’inspiration générale de ses Bucoliques. La date de sa naissance est inconnue : on la place tantôt vers 315, tantôt vers 300 ; peut-être faut-il la rapprocher plutôt de cette dernière date[1]. Vers vingt ou vingt-cinq ans sans doute, il se rendit à Cos, où il vécut dans l’entourage de Philétas. Il y connut Asclépiade de Samos, Aratos, le médecin Nicias de Milet, d’autres encore, dont les noms se rencontrent dans ses œuvres. Des relations de famille le rattachaient peut-être à cette île[2]. Il y fit un long séjour. Un peu avant 270, il adresse à Hiéron sa XVIe Idylle, où il lui demande sans détours sa protection ; à cette date, il semble encore habiter Cos[3]. N’ayant pas réussi du côté de Hié-

    ment d’un de ses premiers éditeurs alexandrins (εἶς ἀπὸ τῶν πολλῶν εἰμὶ Συρακοσίων, — υἱὸς Πραξαγόραο περικλείτης). Dans Idyll. XI, 7, il appelle Polyphème son « compatriote » (ὁ Κύκλωψ ὁ παρ’ἁμίν).

  1. La date de 315-310 est la plus généralement adoptée (cf. Couat, p. 38, et Susemihl, I, 197) : 300 est celle de Hauler (De Theocr. vita et carminibus, Frib. en Brisgau, 1885). Si Philétas revint à Cos après l’éducation de Philadelphe ; rien ne s’oppose à ce que Théocrite l’ait connu vers 285. L’épître à Hiéron, écrite entre 274 et 270, trahit un poète qui n’est pas encore arrivé à la gloire et à la fortune.
  2. Son invocation aux Grâces, les divinités d’Orchomène, dans l’épître à Hiéron, s’expliquerait bien s’il était vrai qu’il eût des liens de parenté avec les colons d’Orchomène qui s’étaient établis à Cos en 364, après la destruction de cette ville par Thèbes (cf. id. XVI, 404-405, et les scholies sur VII, 21). Le nom de Simichidas, qu’il se donne à lui-même dans les Thalyries, semble avoir été le nom d’un de ces Orchoméniens de Cos, peut-être de son aïeul. Cf. Susemihl, p. 198, n. 6.
  3. L’épître à Hiéron, antérieure à l’avénement de celui-ci à la tyrannie, mais postérieure à son élection comme stratège (Vahlen, Acad. de Berlin, 1884, p. 823-849), ne peut avoir été composée qu’entre 274 et 270. Or, au v. 409, il laisse entendre qu’il n’est pas à Syracuse. Il doit être encore à Cos, puisqu’il invoque expressément, dans les vers qui précèdent, les Grâces d’Orchomène, c’est-à-dire les divinités propres aux colons d’Orchomène fixés à Cos. — C’est peut-être d’ailleurs dans cette période de sa vie qu’il séjourna