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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

part[1]. La scène se passe à Alexandrie, un jour de fête en l’honneur d’Adonis. Les héroïnes sont deux commères, Gorgo et Praxinoa, que leurs affaires, sans doute, ont amenées de Syracuse à Alexandrie, el qui vont voir la fête. Nous sommes loin des bergers de Sicile. Ce mime délicieux pourtant appartient aussi au groupe des œuvres parfaites qui sont le plus nettement caractéristiques du génie de Théocrite. L’idéal de la vie rurale y manque, il est vrai. Mais certains détails encore et la structure générale du poème procèdent de la même inspiration. Les deux commères, comme les bergers de Sicile, sont vraies, simples, naïves. Elles ont le caquet de la ville, et la riposte vive ; mais elles sont abondantes en proverbes ; elles s’ébahissent de tout ce qu’elles voient ; elles ont peur du grand cheval bai ; elles se plaignent de leurs maris et sont pourtant de braves créatures. Elles ne chantent pas elles-mêmes, mais elles vont entendre un chant, et ce thrène gracieux en l’honneur d’Adonis, qui couronne le mime, y répand un parfum de poésie qui achève la beauté de cette peinture amusante et gaie d’un coin de la grande ville.


Les autres œuvres de Théocrite sont moins caractéristiques et moins complètes : plusieurs sont très belles encore.

Cinq idylles sont des récits d’aventures héroïques plus ou moins inspirés de l’épopée. — La treizième, Hylas, est le récit de la mort du jeune ami d’Héraclès, enlevé par les Nymphes des eaux au moment où il plonge un vase dans le bassin de la source. La narration proprement dite est courte et peu circonstanciée. La pièce, adressée à Nicias, s’ouvre et se termine par des réflexions sur l’amour qui lui donnent un caractère intermédiaire

  1. Idylle XV.