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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

signifiait « ordure, jouet frivole, tête de bois » ; et Calimaque écrivit l’Ibis, où il semble avoir comparé son adversaire à cet oiseau, que l’imagination populaire accusait de pratiques répugnantes, et qui, en outre, était consacré à Hermès, le dieu des voleurs[1]. Ceci se passait tout à fait à la fin de la vie de Callimaque, qui mourut sous Évergète[2], vers 235 probablement ; il avait alors environ soixante-dix ans.

Callimaque fut aussi célèbre comme érudit que comme poète. Ses écrits en prose, selon Suidas, s’élevaient à plusieurs centaines. Nous avons déjà mentionné, dans un autre chapitre, les plus considérables d’entre eux : ses fameux Tableaux bibliographiques (Πίνακες), ses recherches historiques et curieuses en tout genre. Nous n’avons pas à y revenir, sinon pour rappeler ce trait essentiel de sa physionomie, l’érudition laborieuse et infiniment variée : ce trait se retrouve en effet dans ses poèmes et on ne peut les bien comprendre si l’on ne songe d’abord qu’ils sont l’œuvre du plus savant homme de ce temps.

Ces poèmes eux-mêmes étaient nombreux et variés. Il avait écrit « dans tous les mètres, » dit naïvement Suidas, qui énumère avec admiration la liste interminable des genres divers auxquels appartenaient ses poèmes, ou leurs titres spéciaux. Il y avait des tragédies, des comédies, des drames satyriques, des chants lyriques proprement dits, des hymnes héroïques, des poèmes iambiques, des choliambes imités d’Hipponax, surtout des poèmes élégiaques en grand nombre, des épigrammes, et même une épopée (d’un genre spécial, il est vrai), l’Hécalé. Les plus célèbres de ces poèmes, les plus lus du moins, paraissent avoir été, avec l’Hécalé, les hym-

  1. Cf. Couat, p. 491-520. V. surtout p. 541.
  2. Suidas.