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ÉPICTÈTE ; LES ENTRETIENS ET LE MANUEL


Un peu plus tard, Arrien, voyant combien ces leçons d’Épictète étaient goûtées et admirées, voulut les condenser en un tout petit volume, qui en contiendrait toute la substance en quelques pages. Il composa le Manuel (Ἐγχειρίδιον (Encheiridion)), livre pratique par excellence, où chacun devait pouvoir trouver immédiatement le secours nécessaire dans le besoin, la réflexion salutaire et décisive dans le doute ou dans la tentation[1]. Et, cette fois encore, se mettant au-dessus de toute vanité d’auteur, il voulut laisser entendre la parole même du maître, sincère et vivante. Grâce à cette simplicité intelligente du disciple, on peut dire qu’Épictète a sa place, non seulement dans l’histoire de la philosophie, mais aussi dans celle de la littérature, puisqu’il a mis, autant que personne, son empreinte originale sur un certain nombre d’idées qui intéressent toute l’humanité.

Si nous nous demandons quelles sont ces idées, une remarque préliminaire s’impose. Épictète n’invente rien : il ne modifie pas la doctrine stoïcienne en son fond, il se contente d’en faire, à sa manière, l’application incessante aux choses de la vie quotidienne. Mais c’est

    traire ἐϰ τῶν Ἐπιϰτήτου λόγων (ek tôn Epictêtou logôn) désignant ainsi l’unique recueil qu’il eût composé. La question a été embrouillée par le témoignage de Photius, Bibl., 58 ; mais il est manifeste pour moi que le passage est altéré par transposition. Je le corrigerais ainsi : Ἐργαψε δὲ ϰαὶ ἕτερα· τῶν μὲν διατριϐῶν Ἐπιϰτήτου τοῦ διδασϰάλου ὅσα ἴσμεν βιϐλία ὀϰτώ· φασὶ δὲ αὐτὸν ϰαὶ ἕτερα γρψι ἂ οὔπω εἰς ἡμετέραν ἀφίϰετο γνῶσιν [τῶν ὁμιλιῶν τοῦ αὐτοῦ Ἐπιϰτήτου βιϐλία δώδεϰα] (egrapse de kai hetera, tôn men diatribôn Epictêtou tou didaskalou hosa ismen biblia oktô ; phasi de auton kai hetera grapsai a oupô eis hêmetera aphiketo gnôsin tôn homiliôn tou autou Epictêtou biblia dôdeka)]. Photius citerait alors tout simplement une autre édition du même recueil, qui portait un titre différent et était divisée autrement, édition qu’il a prise pour un autre ouvrage. Voir, pour les diverses opinions sur cette question, Asm, Quæstiones Epicteteæ, et l’édition de Schenkl, Préface, p. XI.

  1. Τὰ ϰαιριώτατα ϰαὶ ἀναγϰαιότατα ἐν φιλοσοφία ϰαὶ ϰινητιϰώτατα τῶν ψυχῶν ἐπιλεξάμεος ἐϰ τῶν Ἐπιϰτήτου λόγων (Ta kairiôtata kai anankaiotata en philosophia kai kinêtikôtata tôn psuchôn epilexamenos ek tôn Epiktêtou logôn). Paroles d’Arrien lui-même dans sa lettre de dédicace à Massalenus (Simplicius, Préface du Commentaire).