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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

scolarque, mais qui mérite une mention à cause de sa célébrité[1]. Horace le nomme à côté du Stoïcien Chrysippe comme un des maîtres reconnus de la morale[2]. Il était né à Soles, en Cilicie, vers 335. Il fut élève de Polémon. Il avait composé de nombreux ouvrages en vers et en prose. Quelques-uns de ses vers nous restent, mais il n’y a rien à en dire. Parmi ses écrits en prose, aujourd’hui perdus, le plus célèbre était un traité Sur le deuil (Περὶ πένθους), aureolus et ad verbum adiscendus libellus, dit Cicéron[3], sorte de consolation ou d’exhortation qui a servi de modèle à beaucoup d’autres ouvrages analogues dans l’antiquité. Sa morale était noble, courageuse contre la douleur, qu’elle ne niait pas, et judicieusement résignée[4]. Comme écrivain, il était, lui aussi, un disciple d’Isocrate et de Platon. Dans un assez long fragment, tiré d’un ouvrage dont nous ne savons pas le titre, il mettait en scène la Vertu, la Santé, le Plaisir et la Richesse, personnifiés comme dans le célèbre mythe de Prodicos et plaidant chacun leur cause devant les Grecs assemblés[5]. C’est un badinage ingénieux, élégant de forme, sérieux d’intention et médiocrement original[6].

II

Pendant que l’Académie unissait ainsi dans un éclectisme subtil les doctrines de Platon à celles d’Aristote et de Pythagore, ou moralisait avec élégance, le Lycée es-

  1. Diogène Laërce, IV, 24-27. Fragments dans Mullach, t. III, p. 139-152.
  2. Horace. Ép. I, 2, début.
  3. Cicéron, Ac. II, II, 44.
  4. Cf. fragm. 8.
  5. Fragm. 13.
  6. Mentionnons encore ici, pour mémoire, parmi les œuvres de l’académie dans cette période, les dialogues apocryphes qui figurent dans la collection platonicienne, et qui sont, d’ailleurs, des ouvrages de peu de valeur. Cf. plus haut, t. IV, p. 265.