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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

bien la nature qui s’y révèle est humaine, généreuse, libérale, digne d’être aimée.

VI

Avant tout, il importe, au milieu de la variété de ses œuvres, de déterminer la direction générale et les habitudes essentielles de sa pensée.

Plutarque est un Platonicien décidé. Dès le temps de sa jeunesse, lorsqu’il étudiait à Athènes sous Ammonios, c’est à Platon qu’il s’est attaché. Et, toute sa vie, sans jamais dévier, il lui est resté profondément fidèle, non par tradition ni convenance, mais par la plus constante et la plus sincère adhésion de l’esprit et du cœur. Cet attachement est né d’une étude approfondie, que les points les plus obscurs du système platonicien n’ont pas rebutée. Nous pouvons en juger encore par le traité Sur la naissance de l’âme d’après le Timée (Περὶ τῆς ἐν Τιμαίῳ ψυχογονίας), où les questions les plus subtiles de la métaphysique de Platon sont élucidées avec une remarquable pénétration[1] ; par les Questions platoniciennes (Πλατωνικὰ ζητήματα), au nombre de dix ; enfin, par plusieurs entretiens qui figurent dans les Propos de table, et par un grand nombre de passages dispersés dans d’autres œuvres[2].

D’ailleurs, cette foi platonicienne, si éclairée, ne s’est pas enfermée en elle-même ni complue dans son assu-

  1. Ce traité, adressé par Plutarque à ses fils, nous est parvenu sous deux formes. L’un des textes nous donne l’œuvre même de Plutarque, avec quelques lacunes malheureusement. L’autre en est un abrégé.
  2. Ajoutons à cette liste plusieurs des traités perdus, notamment le grand écrit Sur l’âme, et un autre sur la Formation du monde selon Platon, qu’il cite dans la Psychogonie du Timée, ch. iv.