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PLUTARQUE ; SES ÉCRITS RELIGIEUX

sions, aux maladies, à la mort, auxquels on impute tout ce qui dans les vieilles légendes (qu’on ne veut pas rejeter) est en désaccord avec l’idée de Dieu. Un grand nombre d’oracles relèvent d’eux et disparaissent avec eux. Toutefois, cette explication n’est pas complète aux yeux de l’auteur ; c’est surtout par les rapports de Dieu avec la matière qu’il cherche à se rendre compte du fait qui est le sujet du débat. Quoi qu’on pense de sa théorie, les historiettes que les personnages du dialogue se racontent les uns aux autres sur la mort de Pan, sur les génies des îles de la Bretagne, sur le vieux prophète de la mer Érythrée, sont attachantes par leur merveilleux simple et naïf ; même aujourd’hui, elles ne nous laissent pas indifférents. Non seulement elles plaisent par leur tour dramatique, par un piquant mélange de mystère et de précision, par le frisson d’inconnu dont elles sont pleines, mais de plus elles nous mettent sous les yeux bien vivement l’état d’esprit des hommes instruits de ce temps, leurs étranges crédulités, leur goût du surnaturel et leur manque total de sens critique. À cet égard, la valeur documentaire du dialogue est d’autant plus grande, qu’il nous fait entendre avec plus de vérité, grâce au talent de l’auteur, l’accent même des personnages.


À ces trois dialogues pythiques, il faut joindre l’entretien Sur les délais de la vengeance divine, qui ne se rapporte, il est vrai, ni au sanctuaire de Delphes ni à l’oracle, mais qui est censé tenu, lui aussi, à Delphes, dans le portique du temple. Plutarque y défend la doctrine de la providence, non pas contre toutes les objections des Épicuriens et des incrédules, mais contre certaines de ces objections, celles qui se rapportent à l’exercice de la justice divine. La plupart de ses arguments, il les emprunte à ses devanciers : beaucoup se