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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

qu’il veut étudier. Ces différences sont présentées successivement sous un certain nombre de chefs : les parties des plantes, leurs accidents, leurs naissances, leurs manières de vivre ; ajoutons encore les usages qu’on en fait. Dans chacune de ces grandes divisions, il examine tour à tour les diverses espèces au point de vue de ce qui les différencie. L’ordre suivi soit dans l’ensemble de l’ouvrage, soit dans le détail de chaque partie, n’est assurément pas très rigoureux, et ne pouvait l’être à cette date ; mais Théophraste pourtant, comme Aristote, cherche à classer les choses d’après leurs caractères les plus importants. Les faits recueillis sont en nombre immense. La plupart lui viennent de ses lectures, et il n’a pu toujours les contrôler suffisamment ; d’autres lui sont connus par ouï-dire ; beaucoup enfin semblent le résultat de ses observations personnelles. L’idée de la régularité des lois naturelles est partout présente ; elle s’exprime d’une façon particulièrement curieuse dans un passage où il attaque en passant l’art des devins[1]. Rien de plus clair et même, étant donné le sujet si technique, rien de plus agréable que cette abondante et facile exposition.

Le traité Sur les causes des Plantes fait suite à l’Histoire des Plantes, comme on le voit par les premières lignes de l’ouvrage. Ce second traité est plus philosophique dans son objet, et moins descriptif. Ce que veut faire ici Théophraste, c’est d’expliquer, par la théorie des quatre causes aristotéliciennes (matière, forme, cause efficiente et cause finale), toutes les « différences » décrites dans le précédent ouvrage. Quels sont les rapports de la végétation avec le sec et l’humide (et cela pour chaque espèce), d’où viennent ce sec et cet humide, quelles fins se propose dans toutes ces opérations la nature (qui ne fait rien en vain, comme le répète Théophraste après

  1. II, 3.