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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

la plupart sortis de l’école d’Hérode Atticus, brillent dans les différentes villes du monde gréco-romain : Aristoclès à Pergame[1], Aristide à Smyrne, de qui nous parlerons bientôt plus en détail, Adrien de Tyr à Athènes d’abord, puis à Rome ; et, avec eux, Chrestos de Byzance, Pausanias de Césarée, Apollonios de Naucratis, Antipater de Hiérapolis, Aspasios de Ravenne, Rufus de Périnthe, beaucoup d’autres qui figurent avec honneur dans la galerie de Philostrate. La sophistique se perpétue ainsi sous Commode, Pertinax, Septime Sévère. Nous la retrouverons florissante au iiie siècle, et nous reprendrons alors son histoire dans un autre chapitre. Pour le moment, il est à propos d’essayer de caractériser, dans ses traits généraux, l’art dont nous venons de faire connaître quelques-uns des principaux représentants.

III

L’éducation du temps, par l’importance qu’elle donnait à la rhétorique, semblait faite pour préparer des sophistes et pour leur assurer des auditeurs. En tout cas, c’était le résultat le plus sûr qu’elle obtenait. Parmi les élèves qui fréquentaient les écoles en renom, les mieux doués devenaient sophistes ; les autres, spécialement dressés à les admirer, formaient le public dont ils avaient besoin. Rien d’étonnant dès lors si la profession de sophiste était également recherchée des jeunes gens issus des familles riches et de ceux qui visaient à faire fortune. Elle réalisait l’idéal qu’ils avaient tous eu devant les yeux dès l’enfance, elle offrait à leurs facultés surexcitées le seul emploi qui leur permît de se développer pleinement, elle promettait à leur amour-propre les applaudissements, à leur ambition les

  1. Philostr. V. des Soph., II, 3.