Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/579

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
561
CONFÉRENCES PUBLIQUES

gnait d’ailleurs d’étendre au loin sa réputation. Dès qu’il se sentait en état de plaire, il entreprenait une tournée oratoire, en Asie, en Syrie, en Égypte, en Italie, plus loin même, jusqu’en Gaule et en Espagne, partout où il pouvait compter sur des auditeurs lettrés, suffisamment frottés d’hellénisme[1]. L’éducation des classes cultivées étant alors la même, à peu de chose près, dans doute l’étendue de l’empire, le sophiste était sûr d’être bien accueilli dans toutes les provinces qui possédaient des écoles grecques.

En général, sa réputation le précédait et excitait dans le public une vive curiosité[2]. Accueilli dans chaque ville par les maîtres et les élèves, il organisait une ou plusieurs séances, auxquelles venaient assister tous ceux qui se piquaient de bon goût et de bonne éducation. Ces conférences avaient lieu le plus souvent dans les locaux où enseignaient les rhéteurs de l’endroit (ἀκροατήρια), quelquefois dans des salles spécialement ornées et aménagées à cet effet, avec plus ou moins de luxe, soit par les villes, soit par les particuliers[3] ; rarement enfin, lorsque l’affluence était grande, dans les théâtres.

Certains sophistes, même parmi les plus illustres, apportaient là des discours écrits. C’est ce que semblent avoir fait Ælius Aristide, Lucien, Maxime de Tyr, beaucoup d’autres ; et parmi ceux-ci, les uns lisaient,

  1. Ælius Aristide, qui passait pour avoir peu voyagé, était allé en Italie, en Grèce et en Égypte. Philostr., V. S., II, c. 9, 1. — Voyages de Lucien en Gaule, voy. plus loin. — Voyages de Ptolémée de Naucratis, Phil., V. S., II, 15, 2 : Πλεῖστα δὲ ἐπελθὼν ἔθνη καὶ πλείσταις ἐνομιλήσας πόλεσι ὡσπερ ἐπὶ λαμπροῦ ὀχήματος τῆς φήμης πορευόμενος διῄει τὰ ἄστη.
  2. Pline, Epist., II, 3 : Magna Isæum fama præcessorat.
  3. Lucien, Περὶ τοῦ οἴκου. — À Rome, Adrien de Tyr donnait ses séances oratoires dans l’Athenaeum (Philostr., V. S., II, 1), 5). Sur ce palais, bâti par Adrien, pour être un ludus ingenuarum artium, voir Aurelius Victor, de Cæsar., 14, 2, et Dion Cass., LXXIII, 11.