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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

tout ce que la rhétorique grecque avait produit de plus essentiel. Par là s’explique le succès dont il semble avoir joui dans les siècles suivants : il dispensait de la plupart des écrits antérieurs. On ignore s’il faut rattacher à cette Rhétorique le traité Sur les figures de pensée et de mots, en deux livres, qui nous est parvenu sous le nom du même auteur[1]. Ce traité, tel que nous le possédons, n’est d’ailleurs qu’un abrégé de l’original[2]. Celui-ci fit autorité dans les écoles jusqu’aux derniers temps de l’hellénisme. Tous les rhéteurs qui ont écrit sur les figures relèvent d’Alexandre, en particulier Tibère (Περὶ τῶν παρὰ Δημοσθένει σχημάτων), Phœbammon (Περὶ σχημάτων ῥητοριακῶν), Hérodien (Περὶ σχημάτων), Polybe de Sardes, Zonaeos, et d’autres. — Comme nous venons de le dire, un auteur dont le nom est inconnu (on l’appelle l’Anonyme de Séguier) se servit de la Rhétorique d’Alexandre pour composer un peu plus tard un traité qui nous est parvenu sous le titre de Τέχνη τοῦ πολιτικοῦ λόγου[3]. Le dernier éditeur, Graeven, l’a attribué au rhéteur Cornutos, qui vivait vers l’an 200 après J.-C. L’intérêt de l’ouvrage est surtout dans les renseignements qu’il nous donne, concernant l’histoire de la rhétorique sous l’empire. — Ælius Théon, probablement contemporain d’Adrien, était, selon Suidas[4], un

  1. Kayser, Jahrb. f. Philol., LXX, 1854, p. 295.
  2. Walz, VIII, p. 421 sqq. Spengel, III, 9 sqq. Steusloff, Quibus de causis Alexandri Numenii liber putandus sit spurius, etc. Breslau, 1861. — Nous en avons un autre abrégé dans le traité d’Aquila Romanus, De figuris sententiarum et elocutionis ; plusieurs traités analogues proviennent de la même source (Pauly-Wissowa, art.  cité).
  3. Publié pour la première fois en 1840 par Séguier de Saint-Brisson d’après le Parisinus no 1874 (Notices et Extraits, XIV, 2). Spengel, Rhet. Gr. I, 427-460. — Voir Pauly-Wissowa, art.  Anonymi, 8, I, c. 2. (2328). — Éd. récente, Græven, Cornuti artis rhetoricæ epitome, Berlin, 1391.
  4. Suidas, Ἀλεξανδρεύς, Théon est en tout cas postérieur à Théodore de Gadara qu’il cite (c. 42) et antérieur à Hermogène qu’il ne nomme nulle part.