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LEXICOGRAPHIE : HARPOCRATION

d’indiquer en quel temps il a vécu[1] ; mais comme il le nomme après plusieurs autres personnages du même nom, il y a quelque raison de le croire moins ancien qu’eux ; et l’on est ainsi tenté de l’identifier avec l’Harpocration que J. Capitolinus mentionne parmi les grammatici græci qui contribuèrent à l’éducation du jeune Ælius Verus (Verus, c. 2)[2]. Si cela est exact, il aurait vécu sous le règne d’Antonin et de Marc-Aurèle. Rien dans son ouvrage se s’oppose à cette conjecture[3]. Les autres écrits d’Harpocration sont perdus[4]. Le Lexique subsiste sous deux formes, l’une plus complète, qui est l’original même, sauf quelques passages écourtés ou mutilés, l’autre abrégée[5]. Il est difficile, dans l’ignorance où nous sommes des sources de cet ouvrage, d’apprécier, sûrement le mérite propre de l’auteur : ce qu’on peut dire, c’est qu’en tout cas, il fait preuve partout d’une érudition sûre et solide, de connaissances variées et précises, d’un goût juste et de lectures étendues. En même temps qu’il étudie la langue des orateurs, il nous in-

  1. E. Meier, De ætate Harpocrationis commentatiuncula, 1843 et 1855 (Opusc. Acad., t. II), faisait d’Harpocration un contemporain de Tibère ; Bernhardy, Quæstionum de Harpocr. ætate auctarium, Halle, 1856, la place au temps d’Adrien ; Dindorf, Préface de son édition, à la fin du second siècle ; H. de Valois (Préf. de l’édit. de Gronovius, Leyde, 1682), au temps de Libanios.
  2. Une scolie de l’Iliade (Venet. A, ch. X, 453) porte : Ταῦτα ἱστορεῖ Ἁρποκρατίων ὁ Δίου διδάσκαλος ἐν ποιήματι τῆς ί. Il y a sans doute lieu de lire avec Bast ἐν ποιήματι τῆς ί, c’est-à-dire dans son commentaire sur le xe chant ; mais, au lieu de Δίου, personnage inconnu, ne devrait-on pas lire Αἰλίου (Οὐήρου) ?
  3. Il est vrai qu’il ne cite ni grammairien ni lexicographe qui semble postérieur au temps d’Auguste ; mais cela s’explique aisément, si l’on songe que depuis ce temps il n’y avait guère eu de travail original sur les orateurs.
  4. Suidas attribue à Val. Harpocration une Anthologie (Ἀνθηρῶν συναγωγή). Il attribue à Caius Harpocration des traités sur Antiphon, Hypéride et Lysias ; à Ælius Harpocration, des écrits sur les orateurs, sur Hérodote, sur Xénophon, sur la rhétorique.
  5. Voir la bibliographie en tête du chapitre.