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APPIEN : SA VIE

à Rome, où il semble avoir été avocat du fisc sous Adrien et Antonin[1]. Son aptitude aux affaires et son talent étaient reconnus : il jouissait d’une belle fortune, sans doute acquise par son travail ; et il avait des amis puissants, parmi lesquels le consulaire Fronton, avec lequel il travaillait et échangeait parfois des lettres, dont deux sont venues jusqu’à nous[2]. Fronton, à deux reprises, sollicita pour lui de l’empereur Antonin une place de procurateur[3]. Antonin finit par accorder ce qu’on lui demandait ; et Appien semble avoir occupé ce poste encore sous Marc-Aurèle[4]. Fier de cette brillante carrière, il jugea à propos de publier sa propre biographie, qui, malheureusement, ne nous est pas parvenue. Ses dernières années furent employées à la composition et à la publication de son Histoire romaine[5]. Nous ignorons la date précise de sa mort, mais, si l’on songe qu’il

  1. Ibid., fin. Préf., ch. xv : Ἀππιανὸς Ἀλεξανδρεὺς ἐς τὰ πρῶτα ἥκων ἐν τῇ πατρίδι, καὶ δίκαις ἐν Ῥώμῃ συναγορεύσας ἐπὶ τῶν βασιλέων. Le sens de ces derniers mots n’est pas évident ; il paraît difficile toutefois de les interpréter autrement. Le pluriel βασιλέων indique probablement qu’il a rempli ces fonctions pendant plusieurs règnes.
  2. Frontonis Epistulæ, éd. Naber ; p. 244, lettre en grec d’Appien à Fronton ; p. 246, réponse en grec de Fronton à Appien. Appien voulait offrir à Fronton deux esclaves ; Fronton ne crut pas pouvoir accepter un présent de cette valeur.
  3. Ibid., p. 110, lettre de recommandation en latin de Fronton à Antonin : Supplicavi tibi jam per biennium pro Appiano, amico meo, cum quo mihi et vetus consuetudo et studiorum usus prope quotidianus intercedit… Dignitatis suæ in senectute ornandæ causa, non ambitione aut procuratoris stipendii cupiditate, optat adipisci hunc honorem. — Antonin, comme on le voit par la même lettre, craignait d’abord que cette faveur accordée à un avocat n’engageât trop d’avocats à solliciter : futurum ut… causidicorum scatebra exoreretur idem petentium.
  4. Préface, ch. xv : Μέχρι με σφῶν ἐπιτροπεύειν ἠξίωσαν. Le pluriel, ici encore, paraît indiquer que la confiance témoignée à Appien par Antonin lui fut continuée par ses successeurs.
  5. On voit en effet par la Préface, ch. xv, qu’Appien avait alors parcouru toute sa carrière d’honneurs. Les dates qu’il indique