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PAUSANIAS

prits soit vers le passé de l’hellénisme, soit simplement vers les curiosités de l’érudition. Si nous essayons ici de caractériser rapidement quelques-unes des œuvres qu’il a suscitées, on n’oubliera pas que, le mérite littéraire en étant fort mince, nous n’avons pas à les étudier en détail.

La Grèce, en ce temps, devait apparaître, au milieu de l’Empire, comme une sorte de musée, où les plus grands souvenirs de la mythologie, de l’art, de la civilisation étaient représentés par des monuments célèbres. Combien ces monuments étaient chers aux Grecs distingués, nous l’avons vu déjà par l’exemple de Plutarque, si attaché de cœur à toutes les grandeurs de sa patrie. Mais ce genre d’intérêt pouvait être également senti par tous ceux que la culture grecque avait formés, quel que fût leur lieu de naissance. En fait, il n’était guère d’homme instruit, pouvant voyager, qui ne voulût visiter, au moins une fois dans sa vie, Athènes, Corinthe, Argos, Olympie, Delphes, ces villes dont le nom seul évoquait tant d’images et tant de souvenirs. On y venait de tous les points du monde comme en pèlerinage, et, lorsqu’on y était venu, on ne se lassait point d’en entendre parler.

Cet état d’esprit, dont nous trouvons tant de traces à travers la littérature du second siècle, s’est traduit particulièrement dans l’ouvrage de Pausanias, intitulé Description de la Grèce (Περιήγησις τῆς Ἑλλάδος). Nos informations sur l’auteur se réduisent à ceci : qu’il écrivait son livre en 173[1] : qu’il habitait en Asie, à peu de distance du Sipyle et de l’Hermos, et considérait ce

  1. L. V, 1, 2 : 217 ans après le relèvement de Corinthe. Mais il l’avait commencé depuis longtemps. Le livre I était achevé avant qu’Hérode ne commençât son Odéon, et ce monument était terminé quand Pausanias écrivit VII, 20.