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PTOLÉMÉE CHEMNOS ; BIBLIOTH. D’APOLLODORE

tives à des points de mythologie ou d’histoire, c’étaient pour la plupart des inventions absurdes[1]. L’auteur les avait assemblées sans ordre, dans ce recueil dénué d’ailleurs de tout talent littéraire[2]. Son livre était dédié à une femme, Tertulla, d’où l’on peut conclure qu’il s’adressait spécialement aux gens du monde, atteints de la manie du pédantisme.

Nous touchons là à un des ridicules de ce siècle. D’autres ouvrages, qu’il est difficile de dater exactement, nous laissent entrevoir une tendance analogue sous une forme plus légitime. La connaissance des mythes, mal distinguée de celle de l’histoire, passait pour chose indispensable à quiconque se piquait d’une bonne éducation. Comme on ne lisait plus guère les vieux poètes épiques, sauf Homère et Hésiode, le besoin s’était fait sentir depuis longtemps de réunir dans des Cycles en prose tout ce qu’ils avaient raconté, Dès la fin de la période alexandrine, comme on l’a vu, de telles œuvres avaient pris naissance. Nous avons parlé ailleurs de Denys le cyclographe. Ces manuels de mythologie ne devaient pas avoir moins de succès sous l’empire. — Le plus célèbre est celui qui est venu jusqu’à nous sous le titre de Bibliothèque d’Apollodore, dû à une fausse attribution du manuscrit qui nous l’a conservé[3]. La critique moderne a prouvé jusqu’à l’évidence que ce livre ne pouvait être l’œuvre du célèbre chronographe athénien dont il a été question plus haut[4]. On ne peut que le rapporter ap-

  1. Voir le jugement de Photius, au début de son résumé : Ἔχει δὲ πολλὰ καὶ τερατώδη καὶ κακόπλαστα, etc. Cf. Hercher, Jahrb. für Philol., Suppl. I, 269-293.
  2. Photius, ibid. : οὐδ’ ἀστεῖος τὴν λέξιν.
  3. Pour la Biblioth. d’Apollodore, consulter l’importante préface de R. Wagner en tête de son édition (voir ci-dessus, Bibliographie) et l’art. de Schwartz dans Pauly-Wissowa, I, p. 2875 et suiv.
  4. Robert, De Apollodori bibliotheca, diss. 1813. Cf. Schwartz, De scholiis homericis ad historiam fabularem pertinentibus (Jahrb. f. Phil.,