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PTOLEMÉE : SA GÉOGRAPHIE

titudes provenant de fausses observations, nous n’en avons pas moins là le précieux résumé de toute la connaissance géographique des anciens. Ptolémée en effet travaille à mettre au point les travaux de Marin de Tyr, comme celui-ci, déjà, avait corrigé et complété ceux des successeurs d’Ératosthène et d’Hipparque. « Si jamais, dit M. Vidal de Lablache, la nécessité de rectifier la carte s’était fait sentir, c’était bien au moment où affluaient tant de notions nouvelles, qu’il fallait trouver moyen de combiner avec les anciennes. Jamais il n’y avait eu tant de sources d’informations, tant d’ouvertures sur diverses contrées du monde, qu’à la fin du ier siècle de notre ère et dans la première moitié du iie. L’Histoire naturelle de Pline rend bien le sentiment de haute curiosité que ce spectacle inspirait à certains esprits. Si l’on n’avait pris le soin de recueillir et de consigner des renseignements que livraient, au jour le jour, les expéditions commerciales ou militaires, d’en dégager les données géographiques précises, il ne serait résulté de ces découvertes qu’un fatras de noms, que la carte n’aurait su comment rapporter à ses cadres, une confusion qui aurait compromis l’œuvre scientifique dont Ptolémée, si sobre d’ordinaire, parle avec un véritable accent d’enthousiasme[1] ». En mettant en ordre ces données, et en indiquant à qui il les doit, l’auteur de la Géographie nous fournit le moyen d’apprendre comment les connaissances géographiques s’étaient accrues peu à peu ; la science moderne retrouve dans son œuvre la trace des journaux de route des anciens navigateurs, elle y reconnait les voies que suivait alors le commerce. De telle sorte que de ces tables, si

  1. Vidal de La Blache, Les Voies de commerce dans la Géographie de Ptolémée, Paris, 1896 (Extrait des comptes rendus de l’Acad. des Insc. et B. Lettres, séance du 6 novembre 1896). Je suis ici de près les appréciations de cet excellent mémoire.