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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

cupons ici que de l’hellénisme et de ses destinées. Or une bonne partie de cette littérature, bien qu’écrite en grec, est en réalité étrangère à l’hellénisme : elle n’en a ni l’esprit, ni la tradition, ni les caractères propres ; pendant assez longtemps même, elle l’ignore, ou peu s’en faut, et elle est sans influence sur ceux qui se meuvent dans sa sphère. Nous ne devons ici la prendre en considération qu’à partir du moment où elle entre vraiment en contact avec la pensée grecque, et il suffira, pour tout ce qui précède, de dire brièvement comment s’étaient constituées sa force et son originalité.


La littérature chrétienne commence par des lettres, des écrits d’enseignement élémentaire, des visions et des récits[1]. Depuis le milieu du ier siècle, ou les dernières années du règne de Néron, nous voyons se succéder des épîtres émanant soit des apôtres, soit des diverses communautés chrétiennes et de leurs chefs ; c’est par elles que ces communautés sont en relations les unes avec les autres. Ces épîtres traitent des choses du jour, elles contiennent des avis, des réprimandes, des informations pieuses, souvent aussi des enseignements. Quelques-unes sont en quelque sorte impersonnelles : elles n’expriment que les sentiments généraux des églises naissantes. D’autres, et entre toutes les épîtres de l’apôtre Paul, sont marquées fortement à l’empreinte de leur auteur ; elles révèlent son âme tout entière. Les écrits d’enseignement proprement dits n’ont rien de cela : ce sont, dans cette première période, des œuvres anonymes, impersonnelles, uniquement destinées à conserver des croyances ou des préceptes dont on tient à fixer la tradition. Les visions, telles que l’Apocalypse de Jean, le

  1. Nous ne distinguons pas ici entre les écrits canoniques et les écrits apocryphes ; car, au point de vue littéraire, cette distinction n’aurait évidemment aucune raison d’être.