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VUE GÉNÉRALE

œuvre. Son enseignement ; l’Origénisme. — X. Les écrivains chrétiens secondaires au iiie siècle. École d’Alexandrie ; école d’Antioche. Grégoire le Thaumaturge. Méthode ; le Banquet des dix vierges. Pamphile. Jules Africain. Ce que le iiie siècle a preparé.


I

Le iiie siècle, qui va de Septime-Sévère à Dioclétien, offre, au point de vue littéraire, deux spectacles opposés : d’un côté, déclin manifeste, de l’autre, effort de création et croissance.

La sophistique, qui avait fait la gloire du siècle précédent, tombe dans le bavardage prétentieux et vide, qui était son terme naturel. Les Philostrate, les Élien, les Athénée sont, pour la valeur de l’intelligence et pour le talent, fort au-dessous d’un Dion, d’un Ælius Aristide même, et surtout d’un Lucien. Des historiens estimables, comme Dion Cassius ou Hérodien, compensent mal cette infériorité. D’autre part, la science hellénique, qui faisait grande figure encore avec Ptolémée et Galien, disparaît alors, ou peu s’en faut. L’art et le savoir méthodique s’abaissent a la fois. Vu sous cet aspect, le mouvement général du siècle est une décadence.

Mais voici la contre-partie. L’hellénisme, au second siècle, avait fait effort pour dégager de ses vieilles traditions une religion qui satisfît la conscience humaine en lui donnant à la fois une doctrine du devoir et une conception de Dieu appropriées à ses besoins. C’est à cette tentative, plus ou moins consciente, qu’avaient collaboré Épictète, Plutarque, Marc-Aurèle. Ils n’y avaient réussi qu’imparfaitement. Leur morale restait trop indépendante pour beaucoup d’âmes, leur dieu n’était ni assez défini ni assez vivant. Or, ce qu’ils n’avaient fait qu’ébaucher, les grands esprits du iiie siècle