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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

dans une société ou depuis longtemps elles avaient cessé d’agir.

Il est bien regrettable que les œuvres d’Arius aient disparu[1]. Cet homme qui agita tout l’Orient ne pouvait être un esprit vulgaire. Né en Libye vers 260, ce fut dans les premières années du ive siècle qu’au sortir de l’école de Lucien d’Antioche, il devint prêtre d’Alexandrie. Vers 315, et jusqu’en 318, il y prêche avec éclat, et ses doctrines se précisent dans son esprit. Alors commencent pour lui les luttes et les misères. Alexandre, son évêque, et le diacre Athanase s’élèvent contre l’hérétique. Il est chassé d’Alexandrie, condamné en 325 par le concile de Nicée et par Constantin, malgré l’appui d’un certain nombre d’évêques d’Orient ; il vit pendant onze ans dans l’exil, en Illyrie ; puis Constantin change de dispositions à son égard ; Arius est rappelé et va rentrer dans son église, lorsqu’il meurt en 336. Nous ne possédons plus de lui que deux lettres[2]. Son principal ouvrage, intitulé le Banquet (Θάλεια), a entièrement disparu[3] ; c`était, à ce qu’il semble, un exposé de dogme plus populaire que savant[4] : Arius aimait en effet à s’adresser au peuple, dans la pensée sans doute que la simplicité même de sa doctrine lui plairait, et il avait composé des chants populaires, où il énonçait ses opinions[5].

  1. Biographie d’Arius, voir l’art. Arius, 11, dans Pauly-Wissowa. Arius nous est connu par les œuvres d’Athanase et par les écrivains ecclésiastiques, notamment Sozomène, Socrate et Philostorge.
  2. Lettre à Eusèbe de Nicomédie (Épiph. Hér., 69, 6 ; Théodoret, I, 5) ; Lettre à Alexandre, évêque d’Alexandrie (Épiph., 69. 7).
  3. Socrate, I, 9, 16 ; Sozomène, I, 21. Voir Harnack, Gesch. d. Altchr. Lit., p. 531-2.
  4. Certaines parties en étaient chantées. Selon Athanase, Arius y avait imité, quant au rythme, le poète Sotadès.
  5. Chants de meuniers, de bateliers, de voyageurs (Philostorge, Hist. eccl., II, 2).