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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

Constance, favorable aux Ariens, se montre son ennemi : peut-être redoutait-il aussi l’ascendant dont Athanase, grâce au peuple et aux moines, jouissait en Égypte ; il l’exile de nouveau en 339. Athanase, chassé d’Orient, trouve faveur en Illyrie à la cour de Constant II ; il affermit la doctrine nicéenne en Occident, prend part, en 343, au concile tenu à Sardique, en Thrace ; enfin, grâce à l’appui énergique de Constant II, il obtient de rentrer à Alexandrie en 346. Il y reste, cette fois, dix ans. Mais, en 356, se sentant menacé par la haine de l’empereur, il est obligé de fuir, se cache au désert, où il vit en proscrit pendant cinq ans. Le décret de Julien qui faisait cesser toute persécution pour cause d’opinions religieuses le ramène dans sa ville épiscopale en 361. À peine y est-il de retour que l’empereur, alarmé de sa puissance, écrit, en 362, une lettre pleine de colère pour ordonner de le chasser d’Égypte (Lettre 6 ; cf. Lettre 51). Jovien le rétablit dans ses honneurs en 364. Mais, quelques mois plus tard, l’avènement de Valens, arien décidé, l’oblige à fuir de nouveau. Toutefois une réconciliation se fait bientôt entre eux, et désormais (de 365, jusqu’à sa mort, en 373) Athanase peut demeurer paisiblement dans Alexandrie. Les lettres que S. Basile lui adressait vers ce temps montrent de quelle autorité il jouissait alors dans l’Église. C’était une sorte de patriarche et d’arbitre, dont l’opinion faisait loi[1].

L’activité littéraire de cet homme ardent ne fut guère moindre que son activité politique[2]. Beaucoup de ses écrits sont perdus ; beaucoup de ceux qui lui sont attribués sont d’origine incertaine. Ses ouvrages d’exé-

  1. S. Basile, Lettres 47-52.
  2. Pour l’ensemble des œuvres d’Athanase et les questions de chronologie et d’authenticité, consulter Bardenhewer, § 45, 2-1, et Batiffol, Littér. gr. chrét., p. 265 et suivantes. Pour l’appréciation historique, morale et littéraire, on peut recommander l’ouvrage cité de Fialon.