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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

rée comme une région presque barbare, qu’échut, dans la seconde moitié du ive siècle, la primauté du génie et de l’action religieuse. Elle s’était hellénisée lentement, mais profondément. Sa métropole, Césarée, autrefois simple bourgade sous le nom de Mazaca, était devenue une des grandes villes de l’empire, remarquable par ses écoles. À la longue, sa population, un peu lourde, mais vigoureuse, s’était affinée, sans perdre ses qualités natives. Et elle gardait, sous les formes de la civilisation vieillie qui régnait dans tout l’empire, une sève de jeunesse, plus saine et plus féconde. L’Arianisme fut là, comme dans le reste de l’Orient, un ferment actif, qui, vers le milieu du siècle, y mit en mouvement les pensées et les passions. Pour la défense de l’orthodoxie, trois hommes remarquables s’y distinguèrent entre tous : au premier rang, Basile le Grand et son ami Grégoire de Nazianze ; au second rang, le frère de Basile, Grégoire de Nysse.


Né à Césarée, probablement en 331, Basile était issu d’une riche et ancienne famille chrétienne[1]. Dans son enfance, il subit l’influence profonde de sa grand’mère, Macrina, et, par elle, reçut la tradition des enseignements religieux de Grégoire le Thaumaturge. Un peu plus tard, il se rendit auprès de son père, qui tenait alors l’école de rhétorique à Néocésarée, dans le Pont ; c’est là que se fit sa première éducation intellectuelle. Jeune homme, il revint, pour se perfectionner, à Césarée. Puis,

  1. Sur S. Basile, courtes notices de Jérôme (De vir. illustr., 116) et de Suidas, Βασίλειος. Divers renseignements dans Photius, cod. 146, 113, 191 et passim. Les principales sources biographiques sont les Éloges funèbres dus à Grégoire de Nazianze et à Grégoire de Nysse ; quelques passages des historiens ecclésiastiques, enfin la correspondance de Basile lui-même. — Études modernes : Fialon, Étude historique et littéraire sur S. Basile, 2e édit., Paris, 1869 ; Bardenhewer, § 49 ; Batiffol, p. 284.