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— Douc’ment, gamin, mang’ pas tant, peste !
T’as donc l’estomac comme un four ?
Laisse du veau : faut qu’il en reste
Pour ce soir, dans l’ train de retour.
Pour bouloter, pas d’ danger qu’jaille
M’ fair’ monter l’coup,
Comm’ dans les gargott’ de Versaille
Et de Saint-Cloud !

Le train filait pas pour de rire !
C’t’égal ! quatre heur’ dans l’ chemin d’ fer,
C’est long, quand on a rien à s’dire…
La mer ! quand verra-t-on la mer ?…
J’entends soudain crier derrière :
Des mâts, un port !
Tout l’ mond’ met l’ nez à la portière.
C’est le Tréport !

Là-bas, la mer, la mer paisible !
J’peux pas cont’nir mon émotion.
— Que d’eau ! que d’eau ! c’est-y possible !
Que j’m’ écri’ comm’ Napoléon.
L’épat’ment d’Hortense est sans bornes.
Arthur rest’ là…
L’vent souffle à fair’ sauter les cornes
A qui qu’en a !