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LE COFFRET DE SANTAL


VILLÉGIATURE



fragment


 

C’est moi seul que je veux charmer en écrivant
Les rêves bienheureux que me dicte le vent,
Les souvenirs que j’ai des baisers de sa bouche,
De ses yeux, ciels troublés où le soleil se couche,
Des frissons que mon cou garde de ses bras blancs,
De l’abandon royal qui me livrait ses flancs.
Or que le vent discret fait chuchoter les chênes

Et que le soleil soûle, aux clairières prochaines,
Vipères et lézards endormis dans le thym,
Couché sur le sol sec, je pense au temps lointain.
Je me dis que je vois encor le ciel, et qu’Elle
Âme superbe, fleur de beauté, splendeur frêle,